Oliver James washed in the rain no longer.

22 Sep

Exténuée, trempée, enrhumée. Mais heureuse.

« Hey, wanna come with me to this concert ? »

Alex, mon ami australien, est venu nous voir avec Alice il y a une semaine de cela pour nous proposer de l’accompagner au concert de son groupe préféré. Les Fleet Foxes, à Raleigh. J’hésite un peu, car les billets sont assez chers et le groupe relativement inconnu à ma pauvre culture musicale. A force de persuasion je me retrouve tout de même dans le bus express pour Raleigh, un mercredi soir pluvieux. Alex est très excité, et Alice se fait déjà une joie de manger dans un véritable restaurant en dehors du campus. Je regarde les gouttes dessiner d’étranges sillons sur les vitres et sur la surface de mon parapluie. Bleu azur, ironiquement ; tout le contraire du ciel en cet instant.

Raleigh est une ville de taille moyenne, aux immeubles hauts et à la population fuyante. Nous ne croisons pas grand monde dans les rues ; « c’est comme ça dans la plupart des villes américaines tu sais. ». Nous décidons de nous arrêter manger un morceau dans un restaurant libanais, à la décoration étrangement européenne. La nourriture est bonne et peu chère, comme c’est souvent le cas dans les restaurants américains. Alex essaye de lire une affiche française accrochée à côté de notre table ; je me moque gentiment de son accent et il se moque du mien en retour. « You don’t even know how to pronounce fuck ! ». Pas faux.

Nous loupons délibérément la première partie du concert, et arrivons finalement sur place au moment où les Fleet Foxes s’installent sur scène. Ce que nous savions, c’est que le concert était en plein air. Ce que nous avions oublié, c’est que la météo avait annoncé de fortes pluies pour la soirée. Ce que nous avions pas prévu, c’est que les parapluies seraient interdits dans l’enceinte du concert.

Nous voilà donc, trois imbéciles heureux, trempés jusqu’aux os. Mais applaudissant à tout rompre.

Il y a un moment du concert, durant une des chansons favorites d’Alex, où tout devient différent. Je ne sens même plus mes vêtements tant ils me collent à la peau, et Alex semble boire la tasse à côté de moi. « Je suis en train de nager dans la pluie !». Le chanteur du groupe ne cesse de nous répéter qu’on est les « best fans ever » ; les gens crient et sautent pendant que la pluie redouble d’intensité. La musique est bonne et je me sens ailleurs l’espace de quelques chansons.

Au bout d’une heure de concert, l’une des machines casse à cause de la pluie : et le chanteur semble tellement désolée que personne n’ose vraiment protester.

Alice, Alex et moi déambulons dans les rues noires et détrempées de Raleigh. A nos pieds ce sont des centaines de petits torrents, et nous nous tenons les mains pour ne pas tomber. Trempés comme nous sommes, aucun taxi ne peut nous accepter. « Damn, let’s get an hotel room. ». On se retrouve un peu par hasard dans le hall de l’hôtel le plus proche : c’est immense et ça brille. Alice et moi n’osons même pas aller plus loin que le paillasson de l’entrée. Alex néanmoins dégaine sa carte bancaire.

Dans la chambre à 200 dollars la nuit, on étend nos vêtements détrempés, on boit du thé gratuit et on regarde des dessins animés. On essaye d’oublier que nous sommes tous les trois dans la même chambre avec pour toute dignité des serviettes et nos sous vêtements. Trois vagues adultes trempés discutant politique en regardant Family Guy.

Il est trois heures du matin lorsque je m’endors enfin. Je crois.

Au matin nos vêtements sont toujours aussi humides et froids, et les dessins animés moins drôles que la nuit dernière. En fouillant mon sac je découvre que mon appareil photo a pris l’eau ainsi que mon portefeuille. Les billets ont très bien résisté, néanmoins.

De l’hôtel à un café bobo, du café à une statue très kitsch en l’honneur des victimes de la guerre du Vietnam, de la statue à un taxi. Impossible de trouver un bus nous ramenant à Chapel Hill. Notre porte monnaie en ressort très allégé, mais le conducteur est sympathique. Il me parle quelques mots de français et passe du Bob Marley à l’arrière de la voiture. Je somnole sur l’épaule d’Alice.

C’était une excellente soirée.

8 Réponses to “Oliver James washed in the rain no longer.”

  1. Melhyrïa 22 septembre 2011 à 20:55 #

    Ow, j’espère que l’appareil photo a résisté !

    • Victorine Tydde 22 septembre 2011 à 21:00 #

      J’ose même pas le toucher pour le moment, je le laisse sécher …

  2. Melhyrïa 22 septembre 2011 à 21:06 #

    Bonne solution… Attends deux-trois jours avant de tenter de le rallumer !
    Et sinon ça va ?
    T’as reçu ma lettre ?
    T’as vu que y’a un concours sur mon blog ?

    • Victorine Tydde 23 septembre 2011 à 13:27 #

      Ca va plutôt bien oui ! Je suis très fatiguée car j’ai pas mal de boulot, mais rien d’insurmontable. Je n’ai pas reçu ta lettre (mais je suis très contente d’apprendre que tu m’en as envoyé une :D), et je n’étais pas au courant pour ton concours non, désolée !

  3. laurent 26 septembre 2011 à 08:57 #

    Très bon article ou c’est plus l’autour du concert qui transporte que le concert en lui même…
    Bon par contre, depuis plusieurs articles ça raconte l’immersion sociale réussie d’une grenouille au far west mais je suis surpris qu’aucun crapaud ne vienne tomber sous le charme tout frenchy de cette grenouille… :)

    • Victorine Tydde 26 septembre 2011 à 12:43 #

      La grenouille évite d’étaler sa vie sentimentale sur ce blog public surtout haha. Merci pour ton commentaire en tous cas, ça me fait plaisir de te voir par ici :)

      • laurent 26 septembre 2011 à 13:02 #

        C’est un plaisir… Mais le public aime les histoires un peu croustillantes, donc je suis persuadé que tous voulaient poser la question. Donc il faut missionner un moins classe pour le faire. C’est pour moi.
        Mais même sans cela c’est vraiment intéressant ! Keep going !

Trackbacks/Pingbacks

  1. It’s a song about ping pong « - 30 avril 2012

    […] Septembre j’ai écrit un article sur le concert des Fleet Foxes à Raleigh. Ben disons que ça m’a donné envie d’en faire bien d’autres, des concerts (surtout s’ils […]

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